Sunday, September 19, 2010

7e Biennale d'architecture de Venise


7e Biennale d'architecture de Venise

Sur fond de polémique, de désaccords et de tensions, la 7e Biennale d'architecture de Venise parvient surtout à révéler les contradictions de l'architecture contemporaine face au monde tel qu'il va.

"Villes : moins d'esthétique, plus d'éthique." Un appel lancé par le directeur de la Biennale, l'architecte Massimiliano Fuksas, pour réfléchir au développement chaotique de l'espace urbain : "Ce thème n'est pas un mot d'ordre, c'est une question lancée à la profession face à une nouvelle civilisation difficile à cerner et dont le politique ignore encore l'algorithme. Les architectes doivent réfléchir à ce nouvel ordre et y contribuer." Pour illustrer son propos, Fuksas fait venir à l'Arsenal des structures de Jean Prouvé, véritable pionnier de l'architecture sociale, et installe un grand mur d'images, une immense projection vidéo, points de vue et images d'un monde en cours de prolifération, de Calcutta à Berlin, de Mexico aux déserts d'Arabie.

La Biennale réussit parfaitement à révéler les tensions, les hésitations, les avancées et les contradictions de l'architecture contemporaine, et surtout les difficultés à agir sur le monde tel qu'il prolifère. Au mieux, on prend le thème donné par Fuksas à-bras-le-corps, au pire, on oublie l'éthique et on fait dans l'esthète. Entre les deux options, la plupart des architectes font comme si de rien n'était, se contentant d'exposer leur projet en cours, tandis que les pavillons démontrent simplement la vitalité de leur architecture nationale comme l'Espagne, récompensée par un Lion d'or. Du côté des Etats-Unis, le souci éthique s'efface au profit d'une formidable démonstration de force : les architectes Greg Lynn et Hani Rashid, enseignants aux universités UCLA et Columbia, installent un vaste laboratoire : dans des salles envahies d'ordinateurs, une trentaine d'étudiants travaillent en temps direct à la recherches d'architectures digitales, de "design embryologique", de dynamiques virtuelles, proposant des plastiques et des formes improbables. Loin de ces voyages, Didier Fuiza Faustino présente un objet presque anodin mais magnifique : Corps en transit 1.0, un container individuel pour voyager dans les soutes d'avion. Proposition parasite pour la gestion des fluxs migratoires. Ni éthique ni esthétique : pratique.


7e Biennale d'architecture de Venise
Giardini di Castello & Arsenale.
Jusqu'au 29 octobre. Tous les jours sauf le lundi, de 11 h à 19 h.
Tel : 199 122 122.

Saturday, September 18, 2010

REZA


Le parc de la Villette présente "Une terre, une famille", installation de photographies de Reza spécialement conçue avec le photographe comme une installation monumentale sur les 55 hectares du parc.

Déployées sur les folies, petits bâtiments rouges créés par l'architecte Bernard Tschumi, vingt-deux photos grand format invitent le promeneur à un face-à-face avec des histoires de vies remarquables, prises dans le maelstrom de l'histoire, de notre destinée commune.

Du Rwanda à l'Afghanistan, du Cambodge à la Chine, la Mongolie et le Pakistan, du Caire à Jérusalem, c'est une invitation à un questionnement sur notre appartenance commune, à rencontrer, à travers les conflits, les douleurs, les rêves qui les animent, les divisent, les rassemblent, des femmes, des hommes des enfants, d'en approcher les singuliers récits, de réfléchir à un monde possible, plus juste. Le parti-pris de Reza dans cette installation est de recomposer, à partir d'une multitude de portraits, une fresque proche du tableau d'histoire. Gigantesque machine dont nous sommes certes les spectateurs mais aussi, selon le point de vue, la distance aux images adoptée, l'un des personnages; où le jeu des regards est propre à nous interroger sur notre devenir.

Monday, September 6, 2010

Gabriel Orozco au Pompidou


Exposition du 15 septembre 2010 au 3 janvier 2011

Le travail de Gabriel Orozco se caractérise par la diversité des médiums employés : photographie, dessin, peinture, sculpture, installation, intervention et vidéo sont maniés avec autant d'aisance, de liberté et de fluidité.

Artiste nomade, Orozco puise son inspiration dans les différents lieux où il vit et voyage. Mélangeant art et réalité, il brouille les lignes de démarcation entre objet d’art et environnement quotidien, offrant une poésie du hasard et du paradoxe.

Quatre institutions collaborent pour produire cette exposition exceptionnelle (le MoMA de New York, le Kunstmuseum de Bâle, le Centre Pompidou et la Tate Modern de Londres) et montrent un certain nombre d’oeuvres en commun. Toutefois, chaque musée propose de développer, en lien étroit avec l’artiste, un aspect singulier de son travail, afin de nourrir un regard pluriel sur cette oeuvre foisonnante. Pour l’exposition au Centre Pompidou, Gabriel Orozco propose un dispositif inédit basé sur l’idée de l’atelier. Sans cimaises, sans dénominations ni commentaires, les oeuvres sont disposées avec une simplicité proche du moment de leur création, avant l’incorporation dans l’appareil muséographique.

Gabriel Orozco, qui vit plusieurs mois par an en France, s’est intimement impliqué dans l’élaboration du projet : il a conçu, avec la commissaire du Centre Pompidou, Christine Macel, un parcours autour de plus de 80 oeuvres depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui. Cette exposition offre une occasion unique de découvrir ses dessins, photographies, peintures et sculptures provenant en partie des collections françaises et de nombreuses oeuvres qui n’ont jamais encore été montrées en France.

Le travail de Gabriel Orozco se caractérise par un vif intérêt pour les éléments du paysage urbain et du corps humain. Incidents du quotidien et du familier sont centraux dans son travail dont la poésie est celle du hasard et du paradoxe. Les frontières entre l’objet d’art et l’environnement quotidien sont délibérément brouillées, art et réalité volontairement mélangés. Le mouvement, l’expansion, la circularité, l’articulation entre géométrique et organique, sont des constantes qui animent sa recherche plastique depuis plus de 20 ans.

Horses Running Endlessly est un jeu d’échecs détourné et agrandi dans lequel les thèmes caractéristiques du jeu, de l’infini et du mouvement circulaire sont réunis. Black Kites, un crâne humain dont la surface est recouverte d’une grille dessinée au graphite, renvoie à l’importance de la réflexion dans la pratique de Gabriel Orozco.


La DS est une voiture Citroën DS que l’artiste fait découper en trois parties dans le sens de la longueur, ôtant la section centrale et le moteur pour réassembler les deux pièces restantes. De la même manière, pour Elevator, il fait découper un ascenseur selon les proportions de son corps. Dans ces deux oeuvres, Gabriel Orozco opère une réduction d’un espace usuel et quotidien, qui se trouve ainsi altéré et pris au piège de sa fonction. Pour Four Bicycles (There is Always One Direction) l’artiste s’est procuré quatre vélos hollandais dont il a assemblé les cadres. Ces trois sculptures évoquent le mouvement malgré leur état statique et reposent sur la stratégie de «l’extraction et la reconfiguration» chère à Orozco: il ne détourne pas l’objet de sa fonction originelle ou ne le transforme pas en quelque chose d’autre, mais préfère le réinterpréter.

L’exposition rassemble de nombreuses oeuvres liées au corps. My Hands Are My Heart est une petite sculpture réalisée par l’artiste en pressant une boule d’argile dans les paumes de ses mains, formant un objet en forme de coeur qui garde l’empreinte de son corps. La sculpture est mise en regard d’un diptyque photographique où l’on voit ses mains enserrant le morceau d’argile puis les mains ouvertes, révélant le processus de l’élaboration de l’oeuvre. D’autres sculptures en terre cuite modelées par la pression des mains et des doigts sont présentées, comme autant de traces de la rencontre entre le corps de l’artiste et la matière (Torso, Three arms, Four and Two Fingers…), de même que plusieurs oeuvres sur papier dont la main est le motif ou l’outil : dessins de contours de mains remplis d’entrelacs ou empreintes de paumes sur le papier. First Was The Spitting est une série de quatre dessins qu’Orozco a réalisés en crachant de la mousse de dentifrice sur du papier quadrillé puis en entourant les taches de petits ronds noirs dessinés au crayon et à l’encre. Son intérêt pour l’organique, la forme du cercle, l’expansion et le cosmos est ici en germe.

La peinture est un autre médium utilisé par Gabriel Orozco. La série Samourai Tree, réalisée à la tempera (rouge, bleue, blanche) et feuille d’or sur bois, est issue des recherches de l’artiste sur les formes circulaires et les mouvements de rotation qui l’intéressent depuis le début de sa pratique. Elles découlent encore plus directement des dessins de cercles colorés qu’il réalisa dès 1995 sur des billets d’avion ou de banque, puis sur des images de sportifs, les Atomists, présentés dans l’exposition. Pour l’artiste, ces peintures sont des diagrammes d’une structure en constante évolution.

Différentes boules, formes récurrentes dans son oeuvre, ponctuent l’exposition: Recaptured Nature est un ballon géant en caoutchouc rempli d’air réalisé à partir de roues de camions trouvées dans une décharge; la mémoire de l’ancienne fonction du matériau est imprimée sur la surface éraflée de l’oeuvre. Gabriel Orozco travaille régulièrement avec des objets ou matériaux trouvés dans la rue. Des boules de plasticine sont également présentées, comme Yielding Stone, dont le poids équivaut à celui de l’artiste et qu’il a faite rouler dans les rues jusqu’à ce qu’une patine de saleté se forme sur sa surface.

D’autres petites sculptures sont liées à l’échange, la circulation, le déplacement, le mouvement : Shoes, une paire de chaussures dont les semelles sont collées ensemble, Two Socks, réalisée en remplissant des chaussettes de papier mâché, Seed, une forme légère et organique en maille d’acier contenant des boules de polystyrène et Soccer Ball 7, un ballon de football usé et incisé.

L’exposition donne l’occasion de découvrir des sculptures récentes faites à partir d’éléments végétaux ramassés dans le désert mexicain: Drops on Trunk, un morceau de tronc de manguier sur lequel l’artiste a dessiné un réseau de formes circulaires et Eyes under Elephant Foot, un tronc de beaucarnéa dont la surface est incrustée d’yeux de verre.

Deux sculptures suspendues au plafond semblent flotter dans l’espace, créant un rythme et différentes dimensions: Spume Stream, une forme organique produite à partir de mousse de polyuréthane jaune et Toilet Ventilator, un ventilateur de plafond en rotation sur lequel sont posés des rouleaux de papier toilette.

Gabriel Orozco présente ses Working Tables, des tables rendant compte des pratiques de l’atelier : sur chacune d’elle est disposée une collection d’objets trouvés et de maquettes d’oeuvres qui témoignent de dix ans d’expérimentations sculpturales. Elles permettent d’entrer de façon inédite au coeur du processus du travail artistique et de faire des connections entre ses différents projets.

Thursday, September 2, 2010

LARRY CLARK - Kiss the past hello


LARRY CLARK - Kiss the past hello
8 octobre 2010 - 2 janvier 2011
Musée d'Art moderne de la Ville de Paris

L’ARC présente la première rétrospective en France du photographe et réalisateur Larry Clark, né en 1943 à Tulsa aux Etats-Unis. L’exposition, conçue en étroite collaboration avec l’artiste, revient sur cinquante années de création à travers plus de deux cents tirages d’origine, pour la plupart inédits. De ses clichés noir et blanc du début des années 1960 aux longs
métrages qu’il réalise depuis 1995 tels que Kids (1995), Bully (2001) ou Ken Park (2002), Larry Clark, internationalement reconnu pour son travail, traduit sans concession la perte de repères et les dérives de l’adolescence.

À côté des portraits de nouveaux-nés et d’animaux réalisés par sa mère photographe dont il était l’assistant, l’exposition présente les images mythiques de Tulsa (1971) et Teenage lust (1983), ainsi que des œuvres inédites de ces périodes. Un film 16 mm sur la vie des toxicomanes de Tulsa, tourné en 1968 et récemment retrouvé, est également projeté pour la première fois.

Des skateboarders de New York au ghetto latino de Los Angeles, Larry Clark révèle, dans ses séries photographiques des années 1990 et 2000, le quotidien d’adolescents en quête d’eux-mêmes, expérimentant drogues, sexe et armes à feu. Les séries 1992, The Perfect Childhood (1993) et punk Picasso (2003), toujours issues de la culture de la rue et du rock, affirment son regard acéré sur la marginalité, telle que l’Amérique refuse de la voir.

Enfin, les grands formats en couleur de la série Los Angeles 2003-2010 ainsi qu’un long-métrage inédit accompagnent le passage de l’enfance à l’âge adulte de Jonathan Velasquez, jeune skater vénézuélien, personnage principal du film Wassup Rockers (2006).

Depuis la parution en 1971 de Tulsa, ouvrage fondateur sur le désarroi et la violence d’une génération, le travail de Larry Clark hante la culture américaine. La force de ses images, au-delà de leur dureté et de leur noire séduction, réside dans la quête d’une vérité nue, d’un réalisme sans fard.

Galerie Emmanuel Perrotin new space

GROUP SHOW


La Galerie Emmanuel Perrotin inaugure un nouvel espace au 1er étage du 76 rue de Turenne, totalisant une surface de 1500 m2 et 11 salles d’exposition. A cette occasion, une exposition de groupe est organisée du 11 septembre au 30 octobre 2010, dans tous les espaces de la Galerie où figureront : John Armleder, Tauba Auerbach, Hernan Bas, Matthew Day Jackson, Bernard Frize, Mark Grotjahn, Andrew Guenther, Sergej Jensen, Bharti Kher, Adam McEwen, Olivier Mosset, Takashi Murakami, R.H. Quaytman, Claude Rutault, Lee Ufan, Piotr Uklanski, Martin Wöhrl.

Les œuvres, réalisées en majorité pour l’exposition, ont pour point commun de dévoiler de multiples facettes (non exhaustives) de la peinture abstraite aujourd’hui dans un dialogue étonnant. Certains artistes ont choisi une œuvre emblématique dans leurs parcours : Tauba Auerbach, une Fold Painting en trompe-l’œil inversé, Matthew Day Jackson, une construction en bois, Mark Grotjahn, un dessin de grand format, Bharti Kher, un panneau de bindis multicolores, Takashi Murakami, deux peintures abstraites de 1991, Piotr Uklanski, une encre sur toile, enfin Bernard Frize et Lee Ufan proposent chacun une peinture récente.

D’autres s’emparent d’une salle de la galerie : John Armleder recouvre entièrement les murs de fibre d’étoupe d’où jaillissent des toiles. Adam McEwen reproduit en graphite sur panneau d’aluminium des planches de bois ou de métal mais également des dessins de Rorschach en chewing-gum sur toile. Olivier Mosset révèle une nouvelle série de Shape Paintings géométriques au format identique. R.H. Quaytman évoque les lieux qui ont marqué son histoire personnelle mais aussi l’histoire de l’art dans des compositions à la limite de l’abstraction. Claude Rutault développe un environnement selon le principe des « Méthodes/Définitions ». Martin Wöhrl , artiste allemand, livre des assemblages en bois circulaires ou carrés, jouant avec les matériaux et conventions du design et de l’architecture.


Galerie Emmanuel Perrotin is opening a new space on the first floor of 76 rue de Turenne, with a total surface area of 1500 square metres and 11 exhibition rooms. A group exhibition is organised for this occasion from September 11 to October 30, 2010, throughout every room of the Gallery, featuring : John Armleder, Tauba Auerbach, Hernan Bas, Matthew Day Jackson, Bernard Frize, Mark Grotjahn, Andrew Guenther, Sergej Jensen, Bharti Kher, Adam McEwen, Olivier Mosset, Takashi Murakami, R.H. Quaytman, Claude Rutault, Lee Ufan, Piotr Uklanski, Martin Wöhrl.

The artworks, that have been produced primarily for the exhibition, whose ambition is to unveil the multiple facets (not an exhaustive representation) of abstract painting today through a provocative dialogue. Some of the artists have chosen emblematic works from their artistic repertoire: Tauba Auerbach, a Fold Painting in reversed trompe-l’œil, Matthew Day Jackson, a wooden construction, Mark Grotjahn, a large format drawing, Bharti Kher, a panel with multicoloured bindis, Takashi Murakami, two abstract paintings from 1991, Piotr Uklanski, an ink on canvas, while Bernard Frize, Matthew Day Jackson and Lee Ufan are all exhibiting recent paintings.

Others have taken over a room in the Gallery: John Armleder has covered the walls entirely with linen fabric where paintings appear to spring from the walls. Adam McEwen has reproduced wooden and metal planks on aluminium panels but also Rorschach drawings in chewing gum on canvas. Olivier Mosset is revealing a new series of geometric Shape Paintings of identical format. R.H. Quaytman evokes the places that have marked his own personal history, as well as art history, with compositions that are at the limit of the abstract. Claude Rutault has developed an environment based on the principle of « Méthodes/Définitions ». Martin Wöhrl, a German artist, has produced circular and square wooden assemblages that play with materials and conventions of design and architecture.


HARRY CALLAHAN VARIATIONS


HARRY CALLAHAN

VARIATIONS

Je voulais voir combien de photographies différentes je pouvais
rassembler en jouant avec les variations d'une même idée. 1

7 Septembre – 19 Décembre 2010

La photographie est une aventure, tout comme la vie est une aventure.
Si une personne veut s'exprimer photographiquement, elle doit absolument comprendre sa propre relation à la vie. 2

Harry Callahan (1912-1999) commença à photographier littéralement pour s'amuser, d'abord fasciné par la beauté des instruments.

L'exposition de la Fondation HCB, organisée dans le cadre du trentième anniversaire du Mois de la Photo, rassemble plus d'une centaine de tirages noir et blanc, réalisés par l'auteur et provenant de collections publiques, la Maison européenne de la photographie (Paris) et le musée d'Art moderne (New York), de la Galerie Pace/MacGill représentant la famille, et d'une collection privée. Cette présentation permet de découvrir les thèmes de prédilection du photographe – la ville, sa famille et la nature, trois axes intimement liés à sa vie personnelle, qui vont se conjuguer jusqu'à la fin.

La ville, essentiellement les passants, perdus dans leurs pensées , à Detroit, Chicago et Providence ; sa femme Eleanor et leur fille Barbara, la nature, bien souvent des paysages ou des détails sans ciel, à l'exception de son travail à Cape Cod. Pas du tout intéressé par les récits en images, Callahan est le photographe de l'intuition, de la foi absolue dans le médium photographique. Ses obsessions intimes récurrentes constituent le rythme essentiel de son œuvre : J'avais envie de revenir sans cesse aux mêmes idées, sachant qu'elles seraient différentes tout en étant les mêmes. 3

Né en 1912 à Détroit, Harry Callahan étudie les mathématiques pendant une année à l'université de Lansing, (Michigan). Il rencontre et épouse Eleanor Knapp en 1936 et, pour subvenir aux besoins de sa famille, accepte un emploi aux usines Chrysler. Il achète son premier appareil photo en 1938 et adhère au photo-club de Detroit. Autodidacte talentueux, Callahan découvre, fasciné, le travail d'Ansel Adams lors d'une conférence organisée en 1941. Cette rencontre bouleverse sa manière de photographier, cela m'a complètement libéré . D'abord pratiquée comme un loisir, la photographie devient pour Callahan une véritable addiction, un moyen pour apprendre à se connaître et découvrir le monde. C'est pour cette raison qu'il s'intéresse aux sujets qui lui sont proches, comme sa femme mais également la nature et la ville. Bien que la fin des années trente ait vu l'éclosion de la photographie engagée et la multiplication des supports qui offraient des tribunes (et aussi des emplois) aux reporters, Callahan se considère comme pas concerné (unconcerned) : il n'est pas un raconteur d'histoires (story teller), il n'y a pas de récit photographique dans son travail, mais une tentative compulsive de donner forme à son expérience intérieure. L'acte photographique se résume pour moi à être au bon endroit au bon moment en fonction de mon humeur. 4 En apparence très formelles, ses images ont en fait une puissance émotionnelle profonde.

En 1946, il commence sa carrière d'enseignant de photographie presque malgré lui, à l' Institute of Design de Chicago puis à la Rhode Island School of Design de Providence. Pendant trente ans, en se basant sur son expérience et son œuvre, il apprendra à ses élèves à photographier autrement, à rechercher la pureté d'une expression. Au fil des ans, il se lie d'amitié avec des artistes comme Mies Van der Rohe, Edward Steichen, Aaron Siskind, Hugo Weber qui ont beaucoup compté dans sa vie et son travail. Pendant plus de soixante ans, Callahan s'est concentré sur les mêmes sujets. Il était un pur croyant du médium, il avait foi en la photographie. Patient, méthodique et concentré, il allait jusqu'au bout d'une idée pour obtenir la photographie désirée. Il s'est essayé à plusieurs techniques comme les multi-expositions ou les collages. À partir de 1977, il travaille exclusivement en couleur. Distingué par de nombreux prix et bourses, il termine sa vie à Atlanta et décède en 1999.

Le catalogue de l'exposition, publié en français par Steidl est enrichi d'une introduction à l'œuvre de Harry Callahan écrite par John Szarkowski en 1976 et d'un essai de Callahan sur sa photographie traduits pour la première fois en français.

L'exposition est organisée dans le cadre du Mois de la Photo à Paris.

Citations originales de Harry Callahan

1 I wanted to see how many kinds of pictures I could put together using variations on an idea . In Nude: Theory , Lustrum Press, 1979, p. 30

2 Photography is an adventure just as life is an adventure. If man wishes to express himself photographically, he must understand, surely, to a certain extent, his relationship to life. InMinicam Photography, Vol.9, 1946

3 I just had the feeling that I wanted to keep going back to the same ideas, knowing that they would be different, yet still the same. 1977, cité dans Photographer at work , Center for creative photography, 2006, p. 50

4 Much of my picture-making has had to do with being in the right situation at the right time for the way I was feeling. In Landscape Theory, Lustrum Press, 1980

TAKASHI MURAKAMI AU CHÂTEAU DE VERSAILLES


TAKASHI MURAKAMI AU CHÂTEAU DE VERSAILLES
Du 14 septembre au 12 décembre 2010, Grands Appartements et Galerie des Glaces

"Pour un japonais, y compris moi, le Château de Versailles est l’un des plus grands symboles de l’histoire occidentale. C’est l’emblème d’une ambition d’élégance, de sophistication et d’art dont la plupart d’entre nous ne pouvons que rêver.Bien sûr nous comprenons que l’étincelle qui a mis le feu aux poudres de la révolution est directement partie du centre du bâtiment.

Mais, sous de nombreux aspects, tout est transmis à travers un récit fantastique venant d’un royaume très lointain. Tout comme les français peuvent avoir du mal à recréer dans leur esprit une image exacte de l’époque des Samouraïs, l’histoire de ce palais s’est étiolée pour nous dans la réalité.

Donc, il est probable que le Versailles de mon imagination corresponde à une exagération et à une transformation de mon esprit jusqu’au point d’être devenu une sorte de monde irréel à part entière. C’est ce que j’ai essayé de saisir dans cette exposition.

Je suis le chat du Cheshire qui accueille Alice au pays des merveilles avec son sourire diabolique, et bavarde pendant qu’elle se balade autour du Château.D’un sourire enjoué, je vous invite tous à découvrir le pays des merveilles de Versailles."

Takashi Murakimi


Images :
Takashi MURAKAMI - Tongari-Kun 2003 - 2004, Fibre de verre, acier et huile, acrylique et peinture uréthane - 700 x 350 cm © 2003 - 2004 Takashi Murakami/Kaikai Kiki Co., Ltd. All right reserved. Photo: Florian Kleinefenn - Salon d'Hercule / Château de Versailles