Friday, May 6, 2011

La Chine n'aime pas l'art moderne


AiWeiWei,2009


Comme vous le voyez sur cette photo de 2009, le célèbre artiste chinois Ai Wei Wei n'a pas sa langue dans sa poche, et collectionne depuis deux ans les ennuis avec un gouvernement de plus en plus nerveux avec tout ce qui ressemble à une revendication démocratique. On lui a détruit son studio récemment. Et la police l'a arrêté, il y a quelques jours, alors qu'il prenait l'avion pour Hong Kong. Depuis, on ne sait pas trop ce qui lui arrive. Il y a eu une perquisition chez lui. Il est possible qu'on lui reproche son intention d'ouvrir un studio à Berlin. Il est certain qu'on lui reproche le bruit qu'il continue à faire sur la manière dont on reconstruit le Szichuan après le tremblement de terre, sa dénonciation de la corruption et de l'ânerie de la bureaucratie, et, par dessus tout, sa personnalité débordante et son succès international, qui pourrait faire de lui un porte-parole des démocrates chinois (il expose en ce moment à la Tate Gallery de Londres, le mois prochain à New York).

Il faut donc suivre l'affaire, participer autant qu'on le peut aux campagnes pour sa libération et celle d'autres démocrates, et rappeler que la Chine est encore et toujours un pays totalitaire, ennemi de la liberté, infréquentable.

Parenthèse amusante (éclairante?), Ai Wei Wei avait dessiné, avec le cabinet d'architecture suisse Herzog & de Meuron, le stade emblématique des Jeux Olympiques de Pékin : le Bird's Nest. Mais il s'était très vite désolidarisé des Jeux, et de toute la propagande autour, qu'il avait appelé le "prétendu sourire du mauvais goût". L'architecture peut être moderne, post-moderne, hyper-moderne, méta-moderne, tout ce qu'on veut - en Chine comme à Dubai. Mais l'art doit rester servile. Les dos courbés. Et la parole tue. Alors, dans ces conditions : qu'est-ce que le modernisme?

Birds_nest

Un ascenseur? Dix? Cent? Trois cent étages? Ou juste un doigt levé contre la tyrannie des pouvoirs établis et leur géographie vulgaire? Voilà pourquoi, en plus de devoir être défendu comme il nous faut défendre toute autre personne privée de sa liberté par un régime tyrannique, la parole, l'être, le geste de Ai Wei Wei nous sont précieux.

Personne n'est absolument moderne en faisant des gratte ciel ou des villes souterraines ou des pavillons d'ultra-banlieue écologiquement corrects ou des chaumières bunkers ni des fermes normandes autour d'un Jeff Koons. Rien à voir. La modernité est d'abord une éthique. Ancienne. Exprimée aujourd'hui. Contre les temps. Comme elle le fut depuis toujours.

Ai_weiwei


Ai_weiwei


Ai_weiwei


Ai_weiwei


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